Voilà j’ai emprunté un bouquin intéressant à la médiathèque. Etant aussi bien branché psychologie que nutrition, je trouvais intéressant que des auteurs prennent le temps (et la peine !) de se pencher sur les deux sujets conjointement.
Le bon point du livre, c’est qu’il est dangereux d’appliquer sans réflexion un régime à un patient. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme, et ça vaut aussi pour le meilleur régime du monde. D’ailleurs, l’AFSSA en France, a enfin conclu, les régimes sont dangereux. Donc plutôt que de régimes, il faudrait d’abord parler de rééquilibrage alimentaire, l’idée d’adopter momentanément un régime pour perdre du poids et reprendre une alimentation habituelle par la suite. En fait, et sur ce point je suis d’accord avec cet ouvrage, il faut réapprendre à manger correctement. Quant à la perte de poids, elle doit se faire avec le patient, et non contre. Tel patient obèse le sera devenu pour des raisons psychologiques, et une perte de poids entraîne par la même occasion, une perte de repères. Soit parce qu’il s’était constitué une sorte de carapace, ou que dans une entreprise il avait un rôle social du fait de son embonpoint. En ça, une perte de poids peut s’avérer nocive, et le patient, déprimé, se réfugiant dans la nourriture, retombant dans ses travers, reprend le poids, et enclenche un nouveau cycle de yoyo. Les auteurs proposent ainsi une co-thérapie, où par exemple le patient suivra une thérapie conjointe, entre un psychiatre et un nutritionniste. Ou entre un psychomotricien et un diététicien. Chacun de ces thérapeutes aura un point de vue différent sur le problème à résoudre : si le psychiatre s’attachera à aider le patient à mettre des mots sur ses soucis (nombre d’entre eux sont atteints d’alexithymie, soit d’incapacité à exprimer ses émotions), à faire ressurgir les traumatismes de l’enfance et à faire prendre conscience au patient son lien avec la nourriture. Le nutritionniste ou diététicien va plutôt tenter de rééduquer l’alimentation du patient en lui fournissant un nouveau mode d’alimentation (les « régimes » ne manquent pas !), et en suivant pas à pas les progrès effectués, jusqu’à la perte de poids obtenu, ou au moins à l’autonomie alimentaire. Seule une co-thérapie de ce genre permet d’obtenir des résultats de long terme auprès de patients obèses, ayant un rapport délicat avec la nourriture, et d’éviter l’écueil des yoyo.
Là où je suis moins d’accord, c’est que les auteurs n’abordent implicitement que ce type de population difficile. On peut aussi être en surpoids, pas obèse non plus, heureux dans la vie, bon vivant, mais ne pas aimer malgré tout ce gras, en surplus et s’en vouloir débarasser. Donc, dès lors, s’il a pu tenter quelques régimes et failli à tous, il est inutile à mon sens de dramatiser la situation, il lui faut trouver le bon rééquilibrage alimentaire -j’ai déjà mon idée sur la question-. Mais aussi il y a toute une population de gens en surpoids qui ne va pas fondamentalement mal non plus, sans aller bien, vit mal ce surpoids. Et là je dis « stop ». On ne devient pas forcément gros parce qu’on a un problème psychologique, mais parce que l’on a de mauvaises habitudes alimentaires. Et ensuite les problèmes psychologiques peuvent se déclarer. Je veux dire par là, que oui, une mauvaise alimentation peut se déclarer aliénante pour l’individu. Comme je le disais dans mon article consacré à Weston Price et Sugar Blues, la mauvaise alimentation, l’alimentation raffinée, prend la forme de poudre blanche, comme la drogue : sucre blanc, farine blanche…
Cocaïne, sucre en poudre, farine blanche, on est dans le domaine des substances, de la chimie, tout ce que vous voulez, mais pas de la vraie nourriture !
Bingo, les américains parlent exactement de junkfood. Junk pour drogue ou came, junkie pour drogué. Ce type d’alimentation, rend vite esclave de la nourriture. Autant il est difficile de se gaver de viande et légumes autant les aliments raffinés enclenchent souvent de profondes modifications métaboliques, et par là-même une prise de poids. Même chez les gens bien sous tout rapport et qui ne cherchent pas forcément un refuge dans l’hyperphagie. Non. C’est peut-être tout simplement une population qui souffre comme moi auparavant de résistance à l’insuline, ou d’intolérance au glucose et il convient donc de diminuer les glucides. Là, la perte de poids pourra s’enclencher, et pas de traumatisme d’enfance à aller déterrer ou de reconstruction profonde de l’identité, non, simplement un sujet qui sera heureux de comprendre pourquoi il a grossi ces dernières années et qui a la connaissance de l’impact des aliments sur son corps. Ni plus, ni moins.