J’ai profité de ma carte de médiathèque pour aller emprunter ce pavé, L’Alimentation ou la troisième médecine de Jean Seignalet. Je ne savais rien du bonhomme, mais j’ai du lire sur le net qu’il avait une démarche originale, et rejeté par bon nombre de ses pairs. Et ça, le contre-pied, le grain de sel, j’en suis friand. Je ne peux résumer ce bouquin. Alors je vais faire un J’aime/J’aime pas.
J’ai aimé :
– son approche « ancestrale » proche de la mienne, paléolithique, de la nutrition. Il pointe comme vecteur de maladies, les produits laitiers ! De fait il va plus loin que bon nombre de ses compères collègues nutritionnistes.
– ses exemples. Pour chaque maladie, Jean Seignalet détaille le vécu de plusieurs de ses patients, avant, et après l’adoption de son alimentation.
– sa triade diabolique : cuisson, lait et dérivés (oui même le fromage), blé et dérivés. Les autres céréales comme le riz, même blanc posent moins de soucis. De fait il ne pointe pas la charge en glucides, mais certaines protéines, non assimilées par le corps, comme le gluten.
J’ai moins aimé :
– les parties sur le fonctionnement du corps humain. C’est très complexe, et a plus à voir avec un cours de biologie de faculté qu’à une vulgarisation réussie avec brio. Bon, on y apprend des choses intéressantes et les fondements théoriques qui l’amènent à pointer du doigt sa fameuse triade.
– son topo sur les graisses saturées nocives. Bien sûr, il est mort en 2003, et je ne peux pas tout à fait le lui reprocher. Petit petit, la recherche avance, et l’on se rend compte que la diabolisation des graisses saturées -et la polémique du cholestérol qui s’ensuit- était erronée. La récente méta-analyse déjà postée ici conclue qu’il n’y a pas de lien entre ces graisses et les maladies cardio-vasculaires, comme l’avait déjà démontré avec brio Uffe Ravnskov.
J’ai carrément détesté :
– Pas de contrôle des variables. A chaque fois les patients adoptent son alimentation et vont mieux, mais on n’arrive pas très bien à déterminer les causes de la maladie visée. Produits farineux, lait ou cuisson ? Mystère et boule de gomme, le docteur se veut scientifique, mais adopte une démarche qui pour le coup est assez opaque. C’est tout ou rien dans l’adoption de son régime. Dommage, ça décrédibilise en partie son énorme travail.
Parallèlement à tout ça, j’ai écumé un peu de net avec ces nouveaux liens :
Un forum sur la nutrition préhistorique : http://nutritionpaleocrue.net/forum/index.php
A voir avec le temps. Je suis partagé, au contraire de Seignalet sur l’importance des aliments crus. C’est une « mini-controverse » à mon sens, vu qu’il semble acquis que nos ancêtres du paléolithique connaissaient la cuisson (source : Gilles Delluc). D’un autre côté, ils ne possédaient pas de four (cuisson à la broche). A voir, dans tout les cas, comme le conseille Martine de Nutrition et Santé, il ne faudrait pas dépasser les 120°C, mais une faible cuisson a dans certains cas, des avantages.
Le blog de Stefane Guilbaud « Non aux oranges carrées », avec un article (que je projettais d’écrire, zut, encore doublé !) sur le nutritionnisme, notion explicitée par Michael Pollan. Cet article sur le choix de Findus de laisser tomber l’huile de palme pour le colza tombe sous le sens. Je suis assez en phase avec ses écrits. C’est assez rare pour être dénoncé !

Le site de Taty Lauwers, également.
Je suis jaloux de ce magnifique jeu de mots : « Pour qui sonne le gras ». Idéal en titre de post, tant pis, dans une autre vie. Notons qu’elle a écrit un sacré nombre de bouquins, très difficile à trouver autrement que par internet ou des boutiques bio. Elle défend très bien les régimes pauvres en glucides.
2 très bons articles sur le sujet :
http://senshumus.wordpress.com/2007/03/07/jean-seignalet-genie-ou-charlatan/
Et http://cafemusique.wordpress.com/2011/02/17/lalimentation-ou-la-troisieme-medecine/