Au départ était une vidéo virale, il y a quelques mois de cela :
Oh bien sûr, les cris d’orfraies n’ont pas tardé, et le public a vite donné dans des réactions purement émotionnelles :
« Oh c’est que du gras, et du mauvais, du saturé, celui qui bouche les artères »
Bon. Très bien. Le nutella est donc un savant mélange d’huile de palme, de sucre, et d’un peu de noisettes (et bien d’autres additifs, comme tout bon produit industriel). Il est amusant de s’inquiéter pour la, certes haute, présence de l’huile de palme, mais quand même. Le sage montre la lune (le sucre, la transformation,…ou le manque de noisettes aussi), le fou lui, à son habitude, s’attarde sur le doigt, l’huile.

L’huile de palme est controversée. Doublement. Tapez sur google, vous verrez, elle est à l’origine de problèmes écologiques majeurs dans les pays producteurs. Pour cette raison, cela en ferait une huile à rejeter pour n’importe quel éco-citoyen de la terre. Et en plus elle contient des graisses saturées mon dieu, c’est l’huile du diable ! Sacrebleu !
Le palmier donne deux sortes d’huiles en fait : l’huile de palmiste qui est l’huile extraite du noyau du palmier, et l’huile de palme proprement dite, qui est celle que l’on rencontre usuellement dans les produits industriels. Laissons tomber la première, pour la petite info, elle est assez proche de l’huile de noix de coco, riche en acides gras à chaîne moyenne (acide laurique et myristique surtout). Elle pourrait être intéressante mais elle est aussi, malheureusement extraite à partir de solvant (hexane comme d’hab).
De l’huile de palme proprement dite, on en distingue 2 : l’huile de palme rouge, extraite mécaniquement et qui est assez riche en bêta-carotène (précurseurs de la vitamine A), autres carotènes, en tocophérols antioxydants (vitamine E) et des tocotriénols. On rencontre toutefois plus souvent l’huile de palme plus basique, qui est en fait raffinée et est une fraction de la version rouge. Elle est aussi débarrassée de la plupart de ces micronutriments à l’exception de quelques tocophérols qui ont réussi à passer outre (et quelques vitamines K si j’en crois lanutrition.fr). L’huile de palme, sous sa version raffinée, est ainsi composée de près de moitié par de l’acide palmitique (acide saturé), et ensuite vient l’acide oléique (monoinsaturé, le même que celui présent dans l’huile d’olive) pour près de 40 %.
Le voilà le coupable idéal. L’acide palmitique, le fameux acide saturé, responsable de toutes les maladies cardiovasculaires depuis la nuit des temps…*tousse*. Les lecteurs du blog savent que les acides gras saturés tout comme le cholestérol ont été accusés à tort dans le déclenchement des maladies, ils ont même des propriétés intéressantes contre ces maladies en veillant à ce que les lipides polyinsaturés ne s’oxydent pas dans le sang, ce qui est par contre un vrai problème. Pleurer contre la dangerosité de l’huile de palme est un pur nonsens scientifique, c’est un reliquat tenace de l’hypothèse lipidique. Cessons de bêler avec les moutons.

Pour autant, faut-il en consommer ? Franchement…qui en consomme directement…à même la bouteille ? On la retrouve dans moults produits transformés et sucrés, le problème étant donc les transformations et le sucre, pas l’huile de palme en soi. Elle est aussi relativement pauvre en micronutriments, et donc pas très intéressante nutritionnellement parlant, bien que non nocive pour un sou. En évitant les produits transformés, pas d’huile de palme dans votre assiette.
En adoptant une démarche paléo, ou realfoodiste à la manière de Michael Pollan, vous n’en consommerez pas, et préfèrerez les huiles d’olive, de coco, beurre, graisse de canard, lard…et vous soulagez dans le même temps les forêts équatoriales, tropicales. Deux pierres d’un coup ! Et comme le dit Coluche : il suffirait qu’on n’en achète plus pour que ça ne se vende plus…prenez vos responsabilités !
Je n’en consomme pas à même la bouteille, mais je m’en sers pour cuire bananes plantains, patates ou autres… C’est délicieux, j’ai d’ailleurs reçu aujourd’hui un grand bocal d’1,6 L d’huile de palme rouge de chez Amanvida (http://www.amanvida.eu/fr/food-organic-and-veggie/oil-organic/rode-palmolie-bio-en-extra-vierge.html), pour faire la paire avec mon bocal d’huile de coco.
Miam miam!
Tu veux pas troller avec moi sur le groupe facebook contre la conso d’huile de palme ^^ ?
Ha ha! J’ai mieux à faire de mes journées, mais tu as mon soutien moral…
Moi aussi, mais quand je vois cette ferveur populaire contre l’huile de palme, ça donne envie d’aller bousculer les préjugés (et se faire traiter de meurtrier au passage, sans doute !)
Oui, mais quand on commence, on ne s’arrête plus: il y a tellement d’idées fausses à rectifier, concernant les graisses, les céréales, la viande rouge, le cholestérol, la densité nutritionnelle des fruits et légumes comparée à celle de la viande, etc… On n’en finira jamais, il faut toujours tout déconstruire, tout réexpliquer en puisant dans la biochimie, l’anthropologie, les essais cliniques, puis se heurter en général à un mur d’incrédulité (« Quoi, tu crois que tu as raison contre tous les nutritionnistes? »), puis recommencer avec une autre personne… Il y a longtemps que j’ai abandonné: il m’arrive de partager sur Facebook des articles touchant la nutrition (ou de faire de la provoc en décrivant mes repas dans mes statuts^^), et je me fais un plaisir de répondre aux questions qu’on me pose, mais le prosélytisme actif me fatigue (j’ai essayé avec ma mère, sans beaucoup de succès).
L’huile de palme non raffinée était et est encore heureusement utilisée en Afrique équatoriale depuis des lustres de diverses manières et à juste titre puisque c’est une ressource locale. Elle est excellente pour la santé quoiqu’en disent certains imbéciles qui ne savent pas de quoi ils parlent. Je sais de quoi je parle moi qui vit avec une Camerounaise et qui a eu l’occasion d’observer de près la santé remarquable voire insolente de ses compatriotes encore nourris traditionnellement.
Malheureusement même dans ces pays les huiles raffinées de graines comme le soja, hautement insaturées et toxiques, mais moins chères et se conservant indéfiniment, remplacent de plus en plus l’huile traditionnelle notamment dans les villes.
Je crois que la fin de l’article précise bien l’autre problème de l’huile de palme qui est son impact écologique. Disons qu’en tant que consommateur, j’en ai un peu marre de voir que les grandes multi-nationales saccagent des espaces pour faire toujours plus de profits au détriment de la population locale tandis que de l’autre côté les prix consommateurs augmentent. Cela me rappelle des propos de Carlos Ghosn sur un autre sujet où il évoquait que le rapatriement des usines Renault en France reviendrait à faire augmenter le prix des véhicules de 25%. Sauf qu’il oublie que les marges établies en délocalisant sont venues grossir les bas de laine de Renault et non des Français, les voitures ne faisant qu’augmenter dans la même période. Donc mon boycott de l’huile de palme se conçoit plus dans ce sens que d’un point de vue purement nutritionnel.
Ca se conçoit sans soucis, même s’il doit exister des exploitations bio et soucieuse de l’écologie.
Pour ma part je n’en consomme pas.
Ha je m’en servais pour remplacer le beurre dans mes pâtisseries, et tout cette controverse a eu raison de moi, je ne m’en sers plus que pour cuire ma viande à la poêle (viande + huile de palme, je suis vraiment une odieuse personne 😉 ).
Je n’achète que l’huile de palme Philippe Vigean (j’espère que c’est ok de balancer des noms de marques, sinon que le maître de ces lieux fasse le ménage) dispo en magasin bio, car elle est bio et non hydrogénée, et elle est cultivée en Amérique du Sud (les ravages écolo ont lieu en Indonésie, il me semble avoir vu dans un documentaire du genre Home) dans des conditions éthiques et écolo (dixit le fabricant).
Ah ? Merci, c’est bon à savoir, je testerais un de ces deux.
Par contre de l’huile de palme non hydrogénée, c’est difficile à avoir et pour cause, étant naturellement saturée, elle est hydrogénée à 100% 🙂 Ce sont les huiles polyinsaturées que l’on cherche à hydrogéner partiellement (totalement = saturée) pour les rendre stables.
Elle n’est pas hydrogénée à 100%: elle n’est qu’à 50% saturée. Le reste, c’est 40% de mono- et 10% de poly-insaturés. Donc on trouve effectivement de l’huile de palme artificiellement hydrogénée. J’ai même vu parfois des mentions d’huile de coco hydrogénée, alors qu’elle est naturellement saturée à plus de 90%, c’est dire…
Et effectivement je rejoins ce que dit mfgeek: l’huile de palme Amanvida dont j’ai donné le lien ne pose pas de problèmes écologiques, elle est certifiée « développement durable » (quoi que cela veuille dire exactement).
C’est bien ça que je ne comprends pas, l’utilité d’hydrogéner encore plus une huile qui l’est, disons à 50% ? Sinon oui les 50% le sont déjà…c’est ce que je voulais dire, et ça me semble suffisant pour obtenir une huile hyper stable (voire graisse…) pour la quasi-totalité des besoins culinaires. Faire des fritures à très très très haute température ? Même les mono-insat sont relativement stables (bon c’est sûr, passé une certaine température, tout fout le camp)
Les mystères de l’industrie…
C’est vrai. Ça a peut-être à voir avec la durée de conservation des produits: peut-être les industriels ont-ils remarqué qu’une huile à 10% polyinsaturée donnait des produits un chouia moins durables et donc moins profitables? Le processus d’hydrogénation est sans doute suffisamment bon marché pour qu’on puisse se permettre de tout hydrogéner sans trop se poser de questions…
En effet, j’ai lu ça il y a pas si longtemps (on doit lire les mêmes sources 🙂 ).
Enfin, de toute façon, si on évite les produits industriels de manière générale, on évite aussi ces trans…autrement je pense pas qu’ils en vendent au détail pour le particulier, non, si ?
Apparemment ce n’est pas directement l’hydrogénation qui est responsable des gras trans : le processus d’hydrogénation (haute température, haute pression) – tout comme par exemple celui de désodorisation – engendre des gras trans, qui « restent » si l’hydrogénation est partielle, et seraient comme « rectifiés » si le processus est mené jusqu’au bout (ce qui n’implique pas que le produit final soit bon) Mais : 1° sur les étiquettes « hydrogéné » signifie la plupart du temps « partiellement hydrogéné » 2° s’appuyant sur l’absence de trans dans les produits intégralement hydrogénés, certains produits s’affichent « sains » (sans trans) en mélangeant des huiles végétales liquides et des graisses « dures » hydrogénées…
Oui je ne parle que des partiellement hydrogénées. Entièrement hydrogénés on se retrouve avec quoi ? Des acides gras saturés cis (et donc totalement viables) ? Mais dans l’industrie je pense pas qu’ils aillent au bout (pour quelle raison, tiens ?). Je sais que Mary Enig en parle dans son bouquin « Know your fats »
Je découvre naturacoach : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=b0o8QtQhDLk (il a parfois de l’humour mais il fait un peu gourou…)