Le docteur Cate Shanahan (rien à voir avec le générique d’Intervilles) tient un blog d’excellente facture depuis quelques temps et mérite d’être lu, tout comme son ouvrage Deep Nutrition : Why your genes need traditional food.
Cet ouvrage sent à vue de nez la filière WAPF (Weston A Price Foundation pour ceux qui ne suivent pas). L’ouvrage aborde l’épigénétique, comme le montre ce résumé de monblogpaleo.net. Pour autant, je n’ai pas eu l’impression d’apprendre grand chose de plus. Il faut dire qu’à force de se documenter, les nouveautés se font plus rares. Non, les passages les plus inspirés ou qui m’ont semblé le plus faire avancer le schmilblick, sont à propos de la beauté de la beauté très mathématique de la nature, en liaison avec la génétique, bien sûr. L’exemple le plus flagrant étant celui de ce nautile, présent en couverture, saviez-vous que ses mesures respectent parfaitement le rectangle d’or ?
Ce que l’on peut retenir ? C’est que les mathématiques s’observent même dans le champ de l’esthétisme. Le docteur Cate reprend à son compte, ainsi, les travaux de Stephen Marquardt, qui a travaillé sur les visages humain et obtenu une sorte de portrait-robot commun à toutes les jolies personnes (universellement reconnues comme telles, en tout cas).

Jusque-là, rien de bien étonnant, ses travaux sont reconnus, bien que le sujet de l’esthétisme relié aux conceptions mathématiques en fasse bondir plus d’un pudibond dans le milieu scientifique. Enfin qu’importe, le monde ne manque pas non plus de personnes charmantes et qui défient « ces lois ». Mais enfin, il faut reconnaitre qu’il a plutôt visé juste tant ce masque s’applique bien à la plupart des belles stars, des gens reconnus sans sourciller comme beaux.
Le docteur Cate ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Elle a repris à son compte, certaines conclusions…du docteur Price. Les individus vivant dans des tribus primitives et s’alimentant de la manière idoine se révèlent…beaux. Le docteur Price jugeait ces individus beaux. Cate Shanahan a donc appliqué le masque de Marquardt aux photos de Nutrition & Physical Degeneration. Ô miracle, les photos et le masque se superposent !
En poussant le raisonnement, elle aboutit à la conclusion qui suit : en se nourrissant correctement, on permet de mieux se développer, et cela englobe autant le squelette, la carrure, les dents…et l’esthétisme. Cela me fait penser au proverbe qui dit que lorsqu’on a un marteau pour seul outil, tout les problèmes ressemblent à des clous. Pas faux dans le cadre de la nutrition (et j’assume à titre personnel !), mais examinons un de ses plus forts arguments. Je vais m’attarder la beauté du visage, mais l’esthétique concerne aussi le corps, Cate donne les types de silhouettes féminines : Banane, Pomme, Poire, Sablier, ce sont évidemment les deux derniers qui sont gages d’une bonne santé chez une femme – en lien avec le potentiel…reproductif -.
Le docteur Cate embraie ainsi sur le Second Sibling Syndrome, qu’on pourrait traduire de manière moins efficace en français par le syndrome des cadets (enfants de mêmes parents bien sûr). Elle établit quelques constatations assez frappante, au moyen de quelques exemples : la fratrie Fiennes, les soeurs Turlington, ou même les fils du Prince Charles.
* Les aînés sont systématiquement plus beaux que les suivants
* Les suivants sont généralement moins symétriques bien qu’elle ait démontré auparavant que la symétrie biradiale parfaite n’était pas un critère de beauté, la symétrie compte tout de même dans l’équation
* les suivants ont aussi des visages moins parfaits et plus ronds. Ceci serait dû, entre autres à un manque de rectitude de la mâchoire inférieure (ou mandibule).
Ce point est éminemment curieux. La mandibule moins développée chez les cadets ? Quelle idée farfelue. Je dois avouer que les exemples choisis, sont frappants, à l’exception des Turlington où ce sont les deux aînées qui correspondent…aux canons de beauté (Christy étant seconde). En fait pour visualiser, la partie de la mâchoire qui part du niveau des oreilles devrait être en théorie suivre une ligne droite, ligne qui n’est que la prolongation du haut de la tête. Sauf que chez les cadets, cette partie de la mâchoire ne se prolonge pas en ligne droite, elle s’arrondit. C’est le cas…très mondain, par exemple, donné par Cate Shanahan des soeurs…Hilton :

Il ne s’agit pas de dire que la soeur Hilton est laide (a priori, non, elles partagent quand même les mêmes parents !), mais qu’en termes évolutionnistes, une mâchoire bien formée est un signal de beauté et surtout de santé. On lie souvent, avec raison la beauté et la santé. Peut-être que la seconde prépare au mieux la première…et cela jouerait pour trouver un partenaire sexuel en vue de la reproduction…c’est controversé et surtout tabou mais l’évopsy est un sujet sérieux, et les femmes des riches sont belles. Notons aussi que la question de la mâchoire s’applique aussi de manière évidente entre le Prince Williams et le Prince Harry plus jeune. De manière anecdotique encore, en ce moment, je regarde les premières saisons de Docteur House, et tout les acteurs principaux (House, Cameron, Wilson, Foreman, Cuddy) ont TOUS la mâchoire bien développée. Cate signale que c’est un critère déterminant, inconscient probablement, mais que l’on retrouve la plupart du temps dans le sens évoqué – donc, la mandibule bien droite – chez les acteurs qui réussissent. Ont-ils des physionomistes à Hollywood ?
L’explication rationnelle donnée par le docteur Cate, est la nutrition pendant la grossesse. Lors de la première grossesse, la femme enfante pour la première fois et est donc relativement épargnée si je puis dire. Elle peut donc optimiser son enfant, sa croissance, ses os, etc. Pour les suivants, ce qu’il se passe, c’est qu’il y a les hormones qui s’agitent (pics d’oestrogènes…qui affectent même les enfants de sexe masculin, leur donnant un léger aspect féminisé). Et évidemment cela est dû…à la nutrition. Manque de vitamines (lipo et hydrosolubles, bien qu’elle insiste particulièrement sur la vitamine D), de minéraux, d’oméga-3 à chaînes longues, là encore, difficile de n’y voir qu’un seul et unique coupable.
Parfois, les deux premières grossesses sont optimales, et c’est le troisième enfant qui porte les stigmates de cette sous-nutrition. C’est aussi un marqueur de la qualité de l’alimentation d’un peuple. Le Syndrome des Cadets n’existe évidemment pas dans les peuples primitifs à l’alimentation traditionnelle. Elle est par contre bien en vigueur aux Etats-Unis, et même, malheureusement…en France. J’ai vérifié illico sur l’exemple le plus à portée de main…moi-même ! J’ai ainsi scruté mon visage devant un miroir, et celui de mon frère aîné, et le constat est sans appel : j’ai bien un visage plus rond, et la mâchoire inférieure qui s’arrondit nettement au lieu de faire une ligne droite abrupte. J’ai aussi des lèvres plus pulpeuses, et des sourcils plus arrondis (un autre critère utilisé par Cate).
Tout cela pourrait sembler n’être qu’une suite d’analyses et d’anecdotes, certes convergentes mais qui ne constituent ni études sérieuses ni preuves (la preuve par l’exemple…ne s’applique pas !), et donc toutes les considérations esthétiques de Cate Shanahan pourraient n’être que charlatanisme. Sauf qu’il y a un détail que j’ai oublié de vous préciser me concernant : lors de la seconde grossesse de ma mère (et c’était moi qui occupait donc les lieux), elle a perdu une dent. Déminéralisée…tombée sans même une carie ? Je n’ai pas osé creuser et poser plus de questions sur cette époque qu’elle a mal vécu, mais c’est bien au cours de la grossesse que cela s’est passé. Je sais qu’elle ne se nourrissait pas de manière correcte à cette époque…je suppose que je devais puiser en vain sur ses ressources pour me nourrir (et me minéraliser un minimum). Et c’est cette dent qui a fait les frais de mes besoins en minéraux, et encore, sans que mon développement ait été pour autant optimal…Je suis presque choqué au moment où j’écris ces lignes, mais en lumière de la nutrition, des travaux des docteurs Price et Shanahan, il y a comme une certaine cohérence.
C’est en tout cas une piste intéressante à étudier et qui apporte de l’eau à mon moulin : l’alimentation pendant la grossesse est importante pour le développement de l’enfant – et évidemment, la santé de la mère – et les recommandations devraient être un peu plus abouties que les habituels « éviter les laitages crus » ou bien « éviter l’alcool ». Effectivement on cherche à éviter que l’enfant soit malade, mais on devrait aussi veiller aussi à son potentiel de développement. Toutefois, il est bien dommage qu’aucune sérieuse de comparaisons intra-fratries n’existe, certains arguments de Cate me semblent assez spéculatifs et non soutenus par la liste d’études citées en fin d’ouvrage, notamment sur le syndrome des cadets. C’est à chacun d’entre nous, de voir si son analyse s’applique à soi-même ou son entourage. Peut-être, comme moi apprendrez-vous des choses sur votre propre histoire et développement.
Article intéressant, mais … je ne comprend pas bien ce qu’il y a de si différent entre la première et la seconde grossesse ? C’est le régime alimentaire qui change ou bien c’est juste que le premier enfant a tout pris et n’a rien laissé à ces cadets ?
Après, concernant les gens « beaux », il y a toujours le biais de l’aîné : si vous rencontrez quelqu’un au hasard, il y a plus de chance que ce soit un aîné ! Ça marche avec n’importe quel caractère X : il y a plus d’aîné parmi les gens X.
Disons qu’à alimentation déficiente constante, ce qui change entre le premier (ou les deux premiers) enfants et les suivants, c’est que le corps ne réagit pas pareil, d’où le pic d’oestrogènes évoqué. Pourquoi un tel pic ? On touche au coeur du sujet du livre là, sans doute, l’épigénétique. En termes de rareté de ressources ça peut fournir une explication rationnelle. La reproduction est importante, les gènes se démènent pour assurer leur duplication. Ce raisonnement basique est toutefois incomplet. En cas de seconde, puis de troisième grossesse, le besoin de reproduction est moins urgent, il a déjà été assuré une première fois. Si, de surcroit, le corps maternel perçoit à nouveau une rareté en vitamines et en minéraux, et sachant qu’il a déjà connu une première grossesse, il peut opérer un arbitrage : moins mettre la mère à l’épreuve, quitte à sacrifier un peu du développement de l’enfant. Les oestrogènes, les hormones en général aident à réguler le corps…et dans ce cas épargner la maman (ou l’épargner au mieux, c’est le bébé qui est prioritaire jusqu’à un certain point).
On peut aussi penser que la mère fait moins d’effort en termes d’alimentation, ce qui rejoindrait aussi le laxisme en termes d’éducation sur les cadets. Je m’avance peut-être un peu…
Enfin, c’est ma vision des choses, et c’est peu ou prou ce qu’explique Cate, dans d’autres mots.
Ensuite, ce qui est intéressant serait de faire une étude sur les fratries, car comme tu le dis, les aînés sont majoritaires. Là n’est pas la question, la question c’est de déterminer si oui non le développement de l’aîné est mieux assuré que les cadets, et dans quelle mesure cela affecte la beauté des uns et des autres. La mâchoire qui forme une ligne droite depuis le front étant un critère comme un autre, bien sûr, emblématique si on veut, mais pas unique. Si j’arrive à prendre une photo de moi-même sur le tiers inférieur du visage ça me permettra d’illustrer le « concept ».
Mot clé manquant dans votre article Vitamine K2 MK4.
Lisez l’excellent Chris Masterjohn sur le sujet. Il fait noter que le fameux factor-X de Weston A. Price est très certainement cette vitamine très peu connue, mais essentielle pour la croissance des os.
http://www.westonaprice.org/fat-soluble-activators/x-factor-is-vitamin-k2
Merci pour le commentaire. Effectivement, je parle brièvement de l’article clé de Masterjohn ici : http://wp.me/pT6lb-kU (je n’ai pas fait le lien volontairement, parce que je voulais mettre en évidence le fait que le premier rejeton soit mieux « développé »)
« Les aînés sont systématiquement plus beaux que les suivants »
Oulàààà ! J’ai des tas de gens autour de moi qui contrecarrent cette affirmation. Tenez, rien que le prince Harry par rapport au Prince William que vous mentionnez. Sérieux :
-William : visage en forme de patate, dents de cheval, nez énorme, yeux globuleux, calvitie précoce
-Harry : visage carré, sourire impec, nez bien dessiné, yeux rieurs, tous ses cheveux
Après, vous direz que les goûts et les couleurs, ça ne se discutent pas. N’empêche, je le re-dis : autour de moi, il y a des tas de fratries qui ne correspondent pas du tout à cette affirmation, où cadets et benjamins (et autres s’il y a + de trois enfants) sont plus beaux que l’ainé. La forme du visage est décidée par les gènes et il existe un nombre énorme de possibilité lors de la conception (selon l’ovule expulsé lors de l’ovulation puis selon le serpamatozoïde qui viendra le féconder). La beauté, c’est un peu de la chance au final.
Regardez les filles de Demi Moore et de Bruce Willis. 3 soeurs et aucune des 3 ne correspond aux critères de beauté (et sûrement pas l’ainée, y a qu’à voir comment tous les tabloïds à une certaine période se sont amusés à l’enfoncer à propos de son physique). C’est du pas de bol x 3.
Après bien sûr, étant diététicienne, je ne peux qu’approuver une bonne alimentation pendant la grossesse. Pour éviter de perdre une dent…voire pour éviter un bébé malade (physiquement et/ou mentalement).
Je suis allé un peu vite dans l’écriture de l’article : je ne parlais que de la mâchoire (son étroitesse ou pas) et des masques de Marquardt.
Après heureusement que c’est un peu plus complexe que ça, que d’autres critères interviennent.