Soyons clairs : la consommation d’insectes est le parent pauvre de l’alimentation paléo, le maillon faible, la cinquième roue du carrosse. Il est plus facile de parler du dernier gâteau au miel cru et à la farine de noix de coco, ou d’une carbonara primale à base de courge spaghetti (à la place des pâtes au blé). Et je comprends très bien, la simple évocation de manger des insectes évoque en nous quelque chose de répugnant. Pourtant il semble prouvé que les insectes faisaient parti de notre alimentation par le passé. C’est d’ailleurs la première remarque narquoise des sceptiques du régime paléo, vous mangez des insectes ? , un peu fier d’avoir trouvé la faille de nos paléo-urbains.
Et puis quelles espèces manger ? Et comment les cuisiner ? Non décidément, pas question de s’improviser mangeur d’insectes, le mieux étant sans doute de le faire dans les parties du globe où ils font partie des mets quotidiens. Et ce d’autant que les insectes de nos latitudes peuvent bien être chargés en pesticides. Il y a peut-être un parallèle à faire avec les champignons, toutes les espèces n’étant visiblement pas comestibles.

Les mammifères, les poissons ou les fruits de mer rencontrent bien plus de succès. Jean-Lou de Green-Escape a d’ailleurs écrit un très bon article sur le sujet, il y a près d’un an, où l’on comprend les avantages de l’entomophagie – ça claque plus qu’insectivorisme, non ? -, aussi bien nutritionnels qu’écologiques (le rendement est phénoménal). Il y a comme un certain air prophétique dans sa conclusion, tout en regrettant la faiblesse de l’offre actuelle, principalement constituée de friandises aux insectes :
Néanmoins, je suis persuadé que l’entomophagie, c’est à dire la consommation d’insectes par l’être humain va se développer. Attendez vous à voir les insectes envahir vos assiettes au cours des prochaines années sous une forme visible ou invisible dans la liste des d’ingrédients.
Pas plus tard que le mois dernier, j’ai eu une agréable surprise, en apprenant que très près de chez moi, à Saint-Orens de Gameville (Sainto’ pour les intimes) une startup a vu le jour, elle cultive des insectes comestibles, de manière bio (grillons et vers de farine, pour le moment). Elle se nomme Micronutris, et vous pouvez retrouver des vidéos de la télévision sur son site web.
Mais si on veut commander, ça sera sur le site Mangeons-des-insectes.com.
Le site est sympathique, plutôt pédagogique (lire la FAQ !), un blog à rajouter à vos flux RSS, des recettes et les habituels réseaux sociaux. Il est déjà dans mes favoris.
Leur offre de base se limite seulement aux inévitables chocolats comme le regrettait Jean-Loup, mais des insectes déhydratés sont également disponibles sous forme de sachets (grillons et vers de farines). Mais gageons que leur offre devrait s’étoffer au fur et à mesure du succès rencontré, ainsi que les prix. Je tique un peu sur l’argument « pauvre en graisses » mais ça c’était prévisible. Je réfléchis déjà à une recette avec de l’huile de noix de coco…ils n’en sont qu’à leurs débuts, mais je suis très enthousiaste, c’est un euphémisme.
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Des articles et photos sur la presse régionale (non exhaustif)
T’as raison Léon ! Faisons griller les grillons et sauter les sauterelles, croquons les criquets, avalons un verre de vers… en plus ils ont des noms qui sonnent bien dans le registre gastronomique, en fait.
Mais le top du progrès, c’est lorsque le maraîcher pourra nous vendre directement la laitue avec ses limaces, ses tomates enrichies en pucerons, et ses patates « doryphore inside » : non seulement on y gagnera en valeur nutritionnelle, mais en plus en amont y’aura des économies d’insecticides/pesticides 😉
Salut Sylvain
il parait que c’est l’avenir de la planète, avec la baisse de la production de viandes etc.. why not? Ne mangeaons nous pas des escargots, ou cuisses de grenouilles?? 🙂
Pour ma part, j’en ai mangé en Asie, sans savoir que c’etait des insectes, frits/ grillés…. Un aveu : g adoré!!!
Mel
Comme le dit sylvain, le problème des insectes c’est les graisses. Nos ancètres ne chassaient pas les mammifères principalement pour leurs protéines. Même problème pour d’autres sources de protéines comme la spiruline.
Effectivement, j’imagine que le taux de graisses dans une petite sauterelle représente peanuts…. Bon, ben alors, on se fera une bonne fricassée avec des quantités d’huile de coco 🙂
Mel
Manger des insectes n’est pas dans mes habitudes mais j’ai eu l’occasion de goûter des sauterelles grillées, c’est un vrai régal, alors pourquoi s’en priver ? Par contre je suis moins friand de vers et de larves 😉
« Attendez vous à voir les insectes envahir vos assiettes au cours des prochaines années sous une forme visible ou invisible dans la liste des d’ingrédients ». A mon humble avis, l’invasion va être très douce et surtout invisible. Quand je vois la réaction des gens face à une araignée, un bourdon ou encore un mille-pattes, je me dis que ce n’est pas demain la veille que je choisirai des criquets sur mon marché de campagne… Wait & See.
Ce sujet est passionnant je trouve, et pour plusieurs raisons. Si tu l’ignorais Sylvain, je fais actuellement ma thèse sur les grillons, donc les élevages, les populations, le rapport énergétique je connais bien, et c’est vrai que ces petites bêtes sont très riches.
Le plus amusant dans cette histoire, c’est quand j’étais à Paris pour finir mon Master 2 en 2011, il y avait un concours nationale parrainé par hubert reeves où il fallait développer une idée qui nous permettrait de nourrir en 2050 9 milliards d’habitants.
Hé bien tu vois, j’avais commencé à monter mon projet d’élevage de grillons. J’avais sélectionné une espèce de grillon de nouvelle-calédonie hyper grosse d’environ 2cm à 2,5 cm, et j’avais prévu des centres d’élevages stratégiques sur tous les continents. Dommage j’ai du rentrer en Calédonie et je n’ai pas pu proposer le projet mais je suis sûr qu’on va y venir. Et quand je vois le site qui propose déjà des grillons, je connais bien l’espèce, elle est franchement pas très grosses comparés à celle de nos forêts, le rapport ne doit pas être le même. Il y a quelque chose à faire la dedans. (surtout au niveau de la transformation du produit, et des recettes…)
Ceci dit je crois que je vais commander une boïtes de grillons pour me faire une idée et piéger des potes pour voir les réactions, ca pourrait être fun !
Tu m’en bouches un coin pour le coup !
Je crois qu’il faut sauter le cap du premier pas. Je devrais commander d’ici peu, je verrais bien ce que ça donne.
La boîte est nommée start-up, on est dans la technologie « biologique » si je puis dire, mais terriblement à l’avant-garde, je crois avoir compris qu’ils ne sont pas les seuls sur le segment (une petite recherche sur internet suffit à le voir), il devrait y avoir de la place pour plusieurs entreprises.
Un article original qui méritait une mention dans notre revue du net!
bravo!
http://regimepaleo.wordpress.com/2013/03/01/la-revue-du-net-paleo-28/
Merci !
Merci beaucoup pour cet article et l’enthousiasme de chacun.
Certaines personnes ont une barrière psychologique quand on leur présente des insectes comestibles pour la première fois. Le plus dur, c’est de goûter le premier. Une fois que le premier est mangé (voir quelqu’un en manger en face de soit facilite souvent la chose), les gens en redemandent dans la majorité des cas. (véridique!)
Le changement prend du temps, et nous avons bon espoir. 🙂
Concernant le « pauvre en graisses », il est vrai que cela peut porter à confusion. Nous avons donc changer « graisses » par « graisses (saturées) » sur la page http://www.mangeons-des-insectes.com/pourquoi-manger-des-insectes , ce qui est plus adapté.
Merci pour le commentaire.
Effectivement il manque peu de chose pour dépasser l’appréhension.
Pour l’argument des graisses (même et surtout saturées), quand je dis « tiquer » (c’était aussi un jeu de mots, références aux tiques, mais j’apprends que ce ne sont pas des insectes, dammit !), c’est parce que des choses se passent outre-atlantique, ou en Suède et on revient sur certains acquis de la nutrition : la polémique sur le cholestérol (on commence à en parler avec le livre du docteur Even, et M. De Lorgeril a bien balisé le terrain depuis quelques années). D’où il apparait que les graisses saturées ne sont pas aussi mauvaises en soi.
Et le corps lui-même en fabrique pour ses propres besoins (lipogénèse de novo) Peut-être dans certains contextes : De Lorgeril parle de facteur de thrombose chez les sujets à risque, Ron Krauss a remarqué que les graisses saturées alimentaires favoriseraient l’absorption du fer, fer lui-même impliqué dans l’apparition des maladies cardio-vasculaires. Ou dans un contexte de régimes riches en graisses et à la fois riches en glucides à fort index glycémique. Certaines études font même preuve de relation inverse (ça reste de l’épidémiologie, toutefois). Tout n’est pas clair et limpide, loin de là, mais le suspect habituel pourrait bien être bénin.
En conséquence, tout ça ne m’empêche pas de cuisiner à l’huile de palme rouge bio ce qui a le don de rendre fou certains de mes convives.