Le Parrain des Anneaux

~ The Godfather of the rings ~ : if you can’t read french, feel free to translate via Google Translate. I suppose some elements would be interesting for cinema lovers that also likes to split hairs or futile analysis comparing these two very different sagas. Enjoy.

Je comblais mon retard cinématographique, en visionnant la trilogie du Parrain. Excellents films, y compris le tout dernier, différent, plus lyrique, mais pas moins bon. Le coffret paru il y a quelques années est d’une qualité rare, que cela soit au niveau du contenu et des bonus qu’au niveau de la qualité de l’image, sublime : la restauration effectuée est exceptionnelle et le spectacle proposé est proche des conditions de la sortie en salle, le tout pour près de 15h de visionnage, bonus inclus. Et le tout pour une bouchée de pain, le coffret dvd étant vraiment abordable. Au moment de visionner les bonus, j’ai été envahi par une idée persistante quoiqu’incongrue : ça me fait penser au Seigneur des Anneaux.

the godfather of the ringsQuel rapport entre la mafia italo-américaine du 20ème siècle et la saga d’heroic-fantasy développée par Tolkien ? Bien plus qu’il ne semble, à première vue. J’ai effectué une petite recherche sur internet, histoire de voir si je ne m’invente pas des bêtises, rien de bien probant, un topic sur un forum lambda sur le cinéma donne quelques rapprochements superficiels :

  • Le Parrain est en trois parties, tout comme Le Seigneur des Anneaux
  • 5 d’entre eux sont dans le top 10 d’IMDB
  • Les deux trilogies un excellent casting
  • Elles ont gagné beaucoup de récompenses
  • Beaucoup de gens les citent dans leur propre top 10
  • Les deux trilogies sont considérées comme parmi les plus grandes trilogies

 Je vais donc m’attacher à voir quels sont les points communs significatifs entre les deux séries de films : je ne prétends pas que ça soit exhaustif, mais je fais l’impasse, en revanche, sur les différences. Elles sont évidentes pour tout le monde, ils me semble donc bien plus intéressant de se focaliser sur ce qui les rapproche.

En dehors des films

A l’origine, ce sont deux romans. C’est commun dans le cinéma, cela étant, mais ce n’est pas inintéressant de le noter, le roman de Mario Puzo sort en 1968, ceux de Tolkien (en fait devenu une trilogie, mais pensée comme un seul roman au départ) dans les années 50.

Je suis surpris par les points communs entre les deux réalisateurs. Avant de tourner leurs trilogies respectives, leurs chefs-d’œuvre, ils avaient bien quelques films à leur actif, mais rien de bien passionnant, à mon humble avis. Seule la passion de Peter Jackson pour un cinéma alternatif, branché série B et horreur, voire gore (Brain Dead, Bad Taste) rendaient certains fans de Tolkien sceptiques quant à sa capacité à mettre en scène la terre du Milieu. D’autres au contraire se réjouissaient de l’ascension irrésistible de ce cinéaste de l’underground – merci Mad Movies ! -. J’ai même cru comprendre que Peter Jackson et Francis Ford Coppola fonctionnaient un peu de manière similaire quant à l’écriture du film, la gestion des acteurs, jusqu’à la réécriture de certaines scènes au dernier moment.

peter jackson francis ford coppolaOn notera une tendance à l’embonpoint (trop de glucides ? Bon, depuis Peter Jackson a fait attention, et Coppola ne l’était pas jeune), une barbe négligée, et des lunettes : parfait ce sont des geeks du cinéma ! Notons que leurs femmes dans la vie sont de vraies femmes de l’ombre, Fran Walsh étant co-scénariste pour le Seigneur des Anneaux, et Eleanor Coppola tient un rôle plus discret ; elle aussi a un métier lié au cinéma, elle fera des documentaires par la suite, dont un sur Apocalypse Now…réalisé par son mari), mais on ne peut s’empêcher de penser qu’elle a bien influencé ce brave Francis. Pour l’anecdote, Diane Keaton qui joue le rôle de Kay, la femme de Michael Corleone, s’est directement inspirée de Eleanor Coppola jusque dans les gestes : la femme américaine bon teint typée wasp et pas tout à fait intégrée au sein de la famille.

Les bonus des 2 coffrets (préférer ceux de la version longue pour le Sda) laissent apparaître une chose évidente : le tournage s’est déroulé comme en famille. Évident pour ceux du Parrain, mais dans le Seigneur des Anneaux aussi il ressort cette atmosphère familiale : les tournages se sont déroulés sur plusieurs années, et des liens se sont naturellement tissés entre les acteurs. Aussi le recrutement des deux personnages principaux a été problématique : Al Pacino n’ayant pas de suite convaincu les producteurs du film, et Viggo Mortensen ayant été recruté à la hâte après la défection du Aragorn originel. Au final, et a posteriori, dans l’un comme dans l’autre, ces choix sont évidents, il ne pouvait en être autrement. Le tournage du premier épisode du Hobbit a été l’occasion des retrouvailles pour certains des acteurs…à l’image du Parrain III tourné 20 ans plus tard environ : c’était comme s’ils s’étaient quittés la veille. Je note tout de même que Coppola va plus loin, n’hésitant pas à faire jouer sa sœur Talia (future Adrienne dans Rocky) ou encore Sofia Coppola, future réalisatrice. Et pour la bande-son, son propre…père! (Carmine Coppola).

Quelques similarités scénaristiques

C’est là que c’est probablement plus intéressant. Le premier thème qui me vient à l’esprit, c’est celui du pouvoir, et de son hérédité. Le pouvoir corrompt. On le voit transformer assez vite Michael Corleone, qui passe en une scène, du petit frère limite gringalet, à celui de vrai mafioso. Il hérite en quelque sorte du passé de son père quand il ne peut plus diriger la famille. Dans le Seigneur des Anneaux, cela passe plutôt par des allégories. L’anneau représente le pouvoir et il va corrompre les hobbits. Bilbon tombe par hasard sur l’anneau : tout comme Vito Corleone devient peu à peu, et presque par hasard le Parrain dans le second épisode, où Coppola filme brillamment De Niro représentant Vito jeune. Au moment de tuer le parrain local, il ne savait pas qu’il le deviendrait lui-même. Bilbon trouve l’anneau et ne sait pas que sa vie va profondément changer à ce moment-là…le Parrain de la Comté ? Peut-être pas jusque-là non plus. Il n’empêche que les deux œuvres commencent par un événement festif de taille où ses deux personnages jouent un rôle clé : l’anniversaire de Bilbon pour l’un et le mariage de Connie Corleone avec Carlo Rizzi.

L’héritage c’est le pouvoir, ou cet anneau si puissant qu’il corrompt les porteurs. Vito récupère la charge (et c’est le bon mot) de son père après que celui-ci ait été blessé, et alors qu’il refusait de se mêler des affaire de la famille il se propose de tuer les coupables. Frodon lui, hérite de l’anneau à son insu, via l’entremise de Gandalf, et est aussi innocent à première vue que Michael Corleone avant le meurtre. Pourtant porter l’anneau va avoir des répercussions irréversibles sur sa vie, son corps et son âme. Il y a clairement deux générations, celle de Vito/Bilbon, et celle de Michael/Frodon, la première s’empare par hasard du pouvoir/l’anneau, la seconde étant celle qui hérite, malgré elle et avec bien plus d’implications. Les flashbacks sur la vie de Vito jeune peuvent s’apparenter, en outre, à l’histoire de Bilbo Le Hobbit, les deux histoires racontant, ce qui s’est passé avant.

La corruption fait souffrir, et ce jusqu’à la mort : nous avons un Don Corleone pitoyable en fin de vie dans le Parrain III, qui meurt en vieillard esseulé. Ceci est traduit de manière plus poétique, bien évidemment, dans le Seigneur des Anneaux : Frodon comme Bilbon sont affectés par l’anneau, et Frodon encore plus, car ayant été blessé par un des chevaliers Nazgûl, et la quête de l’anneau a été éprouvante (épisode de l’araignée, ou même le rejet de l’amitié de Sam). Il a perdu son innocence de hobbit, il ne peut plus vivre dans ce monde-ci et est donc invité à rejoindre les terres immortelles, et donc à quitter définitivement la Comté. Une mort toute en métaphore, triste, mais adoucie. Pourtant le thème est le même : le pouvoir (ou l’anneau) ne les a pas épargné, ils ont souffert, et encore plus la seconde génération qui a hérité du pouvoir : Michael/Frodon. Leurs blessures sont irréparables, seule la mort constitue une échappée valable, et sans espoir de redevenir comme avant pour Frodon, ou de rédemption pour Mike : c’est quasi tout le long le thème du troisième volet où il tente de tente d’apaiser ses relations avec tout le monde, y compris l’église, en se rachetant une conscience. C’est tout bonnement impossible et son passé est là pour le lui rappeler. Je note que Michael meurt en Sicile, loin de l’agitation et de la vie new-yorkaise, c’est un choix similaire à celui de Frodon.

Il est peut-être temps de partir…

Je voulais finir sur le dernier thème qui apparaît cher à Coppola : la famille. Bien sûr il est omniprésent, et même redondant dans le Parrain, mais pas totalement absent du Seigneur des Anneaux : le premier volet se nomme après tout, la Communauté de l’anneau, en rapport avec la communauté des personnes soudées autour du porteur de l’anneau, mais également de l’alliance entre les divers clans (elfes, nains, hommes). A rapprocher de la communauté italo-américaine de New-York qui est divisée en plusieurs clans ou familles…les traîtrises sont le lot de la vie quotidienne. Une traîtrise dans la communauté de l’anneau ? Oui, Boromir qui tente de s’emparer du pouvoir, pardon, de l’anneau, dans le premier film. Et puis c’est pas comme si Tolkien n’avait pas édité de nombreux arbres généalogiques non plus, ou que dans le début du Seigneur des anneaux (le livre) on n’était pas assommé de noms de hobbits…la -première – vision du Parrain est aussi difficile, la première fois, on confond les noms tellement il y en a, et même les liens entre les personnages.

Les deux séries marquent incontestablement leur époque. Le Parrain constitue un point de non-retour dans les films de gangsters : oui ceux-ci avaient déjà un peu changé au détour des années 40 via les films noirs, avec des personnages ambigus, et une morale moins simpliste que les films d’auparavant, ceux des années 20 ou 30. Mais Coppola va plus loin et offre une vraie peinture quasi-naturaliste de la mafia et des familles italo-américaines. Il y a clairement un avant et un après le Parrain, tant dans la manière de filmer, que dans la direction du jeu des acteurs. Pour le Seigneur des anneaux, c’est un peu pareil, mais dans l’univers des films de fantasy : un an auparavant, sortait Donjons et Dragons, un nanar qui faisait honte à tout les amateurs de ce type d’univers. La sortie du Seigneur des Anneaux a changé le regard que l’on porte sur ce type de films. C’est devenu un phénomène aussi.

Je ne sais pas si je divague ou pas, en tout cas, ça m’a paru intéressant de comparer des œuvres que tout sépare, de la mise en scène aux objectifs des réalisateurs : faire dans le réaliste pour l’un, faire rêver pour l’autre. Où même l’époque des tournages. Peut-être que mes comparaisons sont maladroites. Il y a peut-être quelques points évidents avec la Guerre des Étoiles et son foutu côté obscur de la force qui n’est qu’une énième variation autour du pouvoir et de sa conquête, je n’oublie pas non plus que George Lucas fait partie de la nouvelle vague au début des années 70, au même titre que Francis Ford Coppola.

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