Chaque année qui passe me donne l’occasion de voir en concert un ou plusieurs de mes artistes favoris. L’an passé ce fut le cas avec la très celtisante Loreena McKennitt.
Cette année, par contre, je ne voyais rien venir, comme disait Sœur Anne. C’était sans compter sur les « vieux briscards » de Dead Can Dance : leur dernier album, Anastasis était très bon, et il m’était impensable de les louper, comme ce fut le cas, en 2005. Je vivais en région bordelaise, jusqu’à début mars, et ils firent un concert à Bordeaux peu après mon départ. J’ai longtemps pesté contre cet acte manqué, d’autant que c’était leur retour scénique après deux carrières solo bien remplies. Pour ceux qui ne suivent pas, la chanteuse, Lisa Gerrard, a participé à la bande originale du film Gladiator. Brendan Perry a fait lui aussi son petit bonhomme de chemin, mais je vous avoue, je n’ai pas vraiment suivi l’affaire.
Je ne suis pas fan absolu du duo. Je suis juste fan absolu de ce que je considère comme leur meilleur album, Within The Realm Of A Dying Sun, une sorte de pépite néo-classique, spiriturelle, gothique, sombre, unique, et assez indéfinissable, de mon point de vue. J’aime aussi également leur opus le plus médiéval Aïon (avec un extrait du Jardin des Délices de Jérôme Bosch). Peut-être en deçà dans mon échelle, le néanmoins très bon Serpent’s Egg contenant Host Of Seraphim, laquelle est tout bonnement bouleversante, et il faut le dire, venant d’une autre planète, Lisa Gerrard appartient définitivement à un autre monde, ou une autre époque, ce que m’a confirmé la vision du documentaire Sanctuary consacré à sa vie. Le reste de la carrière, je connais peu, à mon grand regret, c’est une erreur que je devrais rectifier assez vite, dans les prochains mois.

Dès la confirmation du concert de Nîmes, je n’ai pas vraiment tardé à prendre les billets, dans la matinée même où ils étaient mis en vente, c’était réglé :
Nous étions trois à partir, et bien que ce ne fut pas une journée ensoleillée, la seule perspective de voir un concert hors du commun dans un cadre qui ne l’était pas moins – Les Arènes de Nîmes – suffisait à notre impatience. Trois heures pour aller à Nîmes, un samedi, c’est tout à fait convenable. Après un bivouac improvisé sur la place de la libération, nous nous sommes dirigés vers une brasserie pour boire quelques verres : à voir les t-shirts et autres dégaines qui détonne dans l’atmosphère tranquille, méditerranéenne de Nîmes, d’autres fans firent le même choix. Puis, nous nous décidions, et rejoignions le temple de la soirée. J’avais déjà expérimenté le lieu (en fait pour le groupe Metallica), mais ce soir allait être complètement différent. Une messe, le mot n’est pas exagéré.

Ils sont en voix, et visiblement ravis d’être sur cette scène. Leur prestation était magique, et semble-t-il encore plus si on est dans les premiers rangs, ce qui m’a été confirmé par un ami qui était de la partie. Un album live récent donnait un indice quant à la set-list du jour. Il y a eu quelques modifications depuis (set-list sur lastfm), et j’ai d’autant plus apprécié les performances des classiques que sont Cantara et de Black Sun auxquelles je ne m’attendais pas. Host of Seraphim m’a fait hérisser les poils. J’ai redécouvert Sanvean une chanson du répertoire solo de Lisa et qui m’a fait vibrer comme jamais. Brendan Perry n’est pas en reste, il est le parfait complément, moins technique, mais tout en émotions, plus expansif (c’est relatif, ça n’est pas un groupe festif, même avec des percus africaines !). Lui aussi m’a époustouflé par sa présence scénique et sa puissance vocale : il est juste plus terrien que Lisa (et elle aérienne, éthérée), ce qui peut donner cette fausse impression qu’il n’est que le faire-valoir de son alter-égo. Ils sont parfaitement compatibles, jouant, chantant sur des registres différents. Les autres musiciens accompagnateurs firent leur travail, tout en discrétion, synthétiseurs et percussions essentiellement : nous n’avons, de fait, d’yeux que pour le duo.
Nous repartîmes, enchantés, de Nîmes.
Votre commentaire