Tout part de cet article où le Pharmachien fait un bilan sur les stupidités de l’année dans le domaine qui est le sien, la santé, accompagnées de prédictions pour 2016, celle-ci ne m’aura pas échappé :
3. Une fixation sur l’intestin
Tous les astres sont alignés pour que 2016 soit l’année des boyaux. L’omniprésence des probiotiques, le succès mondial du livre « Le charme discret de l’intestin » et l’apparition de tests d’analyse de flore intestinale pour le grand public sont des signes qui ne trompent pas.
MAIS…
… il faudra faire d’autant plus attention aux affirmations douteuses qui vont en découler.
Par exemple, ce n’est pas parce que des scientifiques disent que « l’intestin est notre deuxième cerveau » qu’il faut pour autant en déduire qu’on peut guérir l’autisme et la schizophrénie en changeant son alimentation. »
Il a raison, le succès de ce bouquin, est fulgurant, j’en ai moi-même fait la promotion, dès que j’ai vu Books s’emparer de Giulia Enders et de son bouquin, promis à une belle carrière et ce dès sa première conférence en 2012.
Pour la dernière affirmation, on restera suspicieux. Qu’entend-il par là ? Que la science ne s’intéresse pas aux origines intestinales des maladies mentales ? Que l’alimentation est en peine d’apporter une solution ? Sous-entendrait-il donc que l’alimentation ne soigne pas les maladies mentales, ou que c’est impossible à prouver à l’heure actuelle ? Ou que cela relève de la pseudo-science, son sujet favori ?
Pourtant, un nombre suffisants d’indices indiquent que cette piste est loin d’être incongrue. D’autant qu’il reconnait l’existence du système nerveux entérique. Mystère et boule de gomme. Si son avis est sans doute réfléchi, sa communication pèche par excès de confiance et de scepticisme compte tenu du foisonnement de la recherche actuelle dans le domaine. On est loin de la recette de grand-mère qui guérit tout et rend immortel comme dans le site sante-nutrition.org.
Quels sont ces indices ? Je vais d’abord partir de moi, puis ensuite relier les maladies mentales aux intestins et/ou au microbiote. Ce qui va me mener à des solutions alimentaires en vue de traiter les maladies mentales (le plus souvent, l’autisme), au nombre de 4 : le régime sans gluten et sans caséine, le régime des glucides spécifiques ou GAPS, le régime cétogène, et le lait de chamelle (!).
1. Mon expérience N=1 :
Je ne devrais pas parler de moi. De temps en temps, il est bon de laisser parler l’individu avec ses tripes. Et bien moi j’affirme que mon humeur dépend de mes boyaux. Quand j’accumule agapes sur agapes, que je mange trop de nourriture inappropriée, hé bien un bon matin, je ne me sens pas bien, j’ai envie de rester dans ma bulle, je suis irascible et également tourmenté par des maux intestinaux. Dès que cela va mieux dans mes entrailles, je redeviens le Sylvain guilleret qui embrasse la vie.
Ce n’est qu’un aspect du problème : on parle d’humeur, pas de maladies mentales, mais mon comportement est déjà modifié, ce qui est en soi déjà intéressant, et peut-être les prémisses sur les maladies mentales, en tout cas s’il y a continuité et régularité entre troubles du comportement et maladies mentales (les troubles bipolaires, peut-être ?). Sans creuser le sujet, voici un article de Emily Deans sur le sujet, intitulé Alimentation et troubles de l’humeur (en anglais). Pour une étude citée par Giulia Enders, on a par exemple ceci chez les gens qui digèrent mal le fructose.
Je ne m’appesantis pas, je donne juste connaissance d’un biais personnel : étant déjà concerné par des problèmes d’humeur liés aux problèmes intestinaux, je suis donc plus enclin à chercher des hypothèses qui vont rationaliser ce qui se passe. Et inversement, quand on est peu concerné par des problèmes intestinaux ou que leur occurrence ne semble pas coïncider avec des troubles du comportement, on peut exprimer son scepticisme.
Mais la science attend des études sur plusieurs individus, pas un original qui martèle son expérience.
2. Le lien entre les maladies mentales et les problèmes gastriques
Je vais limiter le mot maladie mentale à l’autisme. Ou Spectre des troubles autistiques pour être plus précis sans l’être trop. Tout simplement parce que c’est là que la recherche a l’air de se concentrer, mais les autres maladies ne sont pas abandonnées pour autant.
Quand on aborde les maladies mentales, on garde donc en tête quelque part que ce n’est pas simplement l’humeur, mais des pathologies. Gardons à l’esprit aussi que le ventre n’est pas toujours à l’origine des problèmes du cerveau et du comportement.
Partant de là, les chercheurs, tout particulièrement ces dernières années ont identifié l’axe intestin-cerveau, qui marcherait dans les deux sens, et parce qu’un joli dessin vaut mieux qu’une trop longue parlotte :

Avant d’aborder l’autisme proprement dit, sur le simple comportement, la simple humeur modulés par le microbiote, on essaiera de creuser cette étude, si jamais vous avez envie de l’acheter. Je n’ai rien trouvé en cherchant un peu, ça doit se faire si on contacte les chercheurs eux-mêmes via leurs adresses mails. en fait Jérémy de Dur à Avaler m’a trouvé le pdf de l’étude que voici :
Elaine Hsiao, que l’on peut admirer ici, chercheuse de son état produit ici une chouette étude qui ressemble à une méta-analyse. Elle cite quand même (on l’espère, de manière appropriée) 91 études qui soutiennent son point de vue. Pour le papier c’est ici : Troubles gastro-intestinaux dans le spectre autistique.
Voici la légende du dessin, et désolé pour la traduction approximative, sur certains termes biologiques :
Les anomalies gastro-intestinales, telles que la hausse de la perméabilité intestinale, la modification de la composition du microbiote intestinal, et la motilité et sécrétion gastro-intestinales déréglées, sont décrits dans les sous-ensembles des individus avec des troubles du spectre autistique. De tels phénotypes peuvent affecter le développement d’autres phénotypes liés à ceux de l’autisme. Par exemple, les perturbations gastro-intestinales peuvent influencer la production de sérotonines des cellules entérochromaffines, les plus grandes productrices de sérotonine périphérique, menant à l’association moléculaire bien répliquée de l’hypersérotoninémie avec le TSA. Aussi, l’augmentation de la perméabilité intestinale peut mener à la fuite de métabolites par voie bactérienne ou modulés par les bactéries à travers l’épithélium intestinal et dans le sang, ce qui sous-tendrait des niveaux élevés de métabolites bactériens et des modifications dans les métabolomes urinaire et sérique chez les individus autistes. De plus, les problèmes gastro-intestinaux peuvent mener à un dérèglement immunitaire étendu, comme il est observé dans l’autisme humain. Au final, des changements dans le tractus gastro-intestinal peuvent influencer le comportement à un haut niveau, et les fonctions cérébrales via l’axe intestin-cerveau, pilotés par les liens directs de l’épithélium intestinal vers le tronc cérébral et les sites de projections secondaires via le nerf vague, et par des liens indirects des intestins vers le cerveau par le biais de modifications dans l’immunité et le métabolisme.
Elaine Hsiao semble pousser vers l’hypothèse d’une origine gastro-intestinale au TSA :
Un grand nombre de preuves suggèrent qu’un sous-ensemble significatif d’individus autistes développent des anomalies gastro-intestinales, et que ces problèmes peuvent contribuer à des manifestations de symptômes issus du TSA, incluant un comportement anormal, un dérèglement immunitaire et un dysfonctionnement métabolique.[…]
En outre, examiner comment les troubles gastro-intestinaux affectent le cerveau et le comportement dans les modèles animaux autistiques peuvent révéler des cibles prometteuses pour le développement de diagnostics biomoléculaires et de solutions thérapeutiques pour le TSA. Au final, compte-tenu de la généralisation des régimes d’exclusions, des probiotiques, et des traitements antibiotiques par des individus autistes, une meilleure compréhension du rôle du microbiote intestinal sur l’immunité, du métabolisme et du comportement est requise pour faciliter l’établissement de lignes directrices pour le traitement de l’autisme et pour promouvoir le développement de thérapies inédites et souples pour le TSA.
Oh mazette, une chercheuse qui se mouille ! Pour elle, au vu des études existantes, hé bien soigner l’autisme par l’alimentation n’est clairement pas une lubie. On notera l’usage des may dans ce type d’études (= »pourrait » ou « peut »), ce qui indique une prudence toute légitime, et scientifique. On peut la compter comme un professionnel de santé ou pas ?
-> Résumé très personnel : si on peut devenir autiste par le biais de l’alimentation qui touche ensuite les intestins, puis le cerveau, ne serait-il pas évident que l’on puisse revenir en arrière, c’est à dire traiter l’autisme par sa cause ? Malheureusement, cette maladie est très certainement polyfactorielle, sans trop prendre de risques.
3. Pistes thérapeutiques alimentaires
Je vais en aborder trois, peut-être pas indépendantes d’ailleurs : le régime d’exclusion du gluten et de la caséine, le régime des glucides spécifiques ou GAPS, et le régime cétogène.
- L’abandon (relatif) du régime sans gluten et sans caséine
Ce régime fait parler de lui. A sa base, on a l’hypothèse que le gluten et la caséine sont digérés de manière partielle avec l’émission de glutéomorphines et de caséomorphines, sous-produits « fâcheux » de la dégradation de ces protéines. J’en discutais, en 2012, où je trouvais un papier de l’AFSSA particulièrement faible et ridicule. Depuis de l’eau a coulé sous les ponts, mon avis a quelque peu évolué.
Je suis sur twitter un « pionnier » anglais du régime Sans Gluten, Sans Caséine, Paul Whiteley. Il est l’auteur du blog Questioning Answers, centré sur l’autisme et ses possibles traitement. Au vu des nombreuses études qui sortent et dont il se fait le relais, de manière assez peu partiale au final, malgré son bouquin sur le régime en question, son blog reste une source d’intérêt au même niveau que celui d’Emily Deans. Ces deux blogs m’ont inspiré pour l’écriture de l’article.
Donc il se trouve que Paul Whiteley est également chercheur. Concernant le régime d’exclusion qu’il défend, il est à l’origine de cette étude d’intervention publiée en 2010 : les résultats suggèrent que le régime semble (may) affecter de manière positive les enfants diagnostiqués du TSA. Mais il conclue sur la difficulté à mesurer les effets (placebo) de la prise en charge thérapeutique en dehors de l’aspect alimentaire.
Hors, depuis, je suis tombé sur cette autre étude, sur le lien entre l’autisme et le gluten : cette étude ne joue pas en faveur d’une diète de restriction, même si un sous-groupe d’autistes pourrait bénéficier d’une telle diète. Quelle prudence…en dehors des glutéomorphines, gardons à l’esprit que la gliadine (la protéine du gluten la plus problématique) augmente la perméabilité intestinale chez tout le monde. Du coup, cela pourrait tout à fait coller avec le point de vue de Elaine Hsiao sur les autistes qui souffrent de perméabilité intestinale.
Puis, pendant une semaine, un autre groupe de chercheurs a administré des aliments contenant du gluten et de la caséine : assez décevant, pas de symptômes accrus, gastro-intestinaux ou comportementaux. C’est court une semaine, mais du point de vue gastro-intestinal c’est suffisant. Ca ne les empêche pas de poursuivre leurs études tout de même, en se focalisant sur les dommages des entérocytes et le lien avec le TSA.
Autre étude, tout à fait négative aussi, malgré un échantillon assez mince, et bien le régime ne semble pas offrir de bienfait particulier.
Paul Whiteley admet lui-même que cette piste accuse de nombreux résultats négatifs, et que d’autres facteurs sont en cause.
-> Résumé : Le régime d’exclusion du gluten et de la caséine ne semble pas très bien fonctionner, même si un espoir reste sur une ou deux études pour sans doute une sous-catégorie d’autistes. La piste de la perméabilité intestinale causée par le gluten est peut-être plus en cause que les sous-produits peptidiques analogues à la morphine. Je peux comprendre que le pharmachien en se basant sur ces études, bah, il ne soit pas très convaincu. Mais c’est vraiment l’iceberg, le gluten et la caséine, pas le cœur des problèmes gastro-intestinaux, surtout qu’en dehors de la perméabilité intestinale, on reconnait que les FODMAPS du blé, petits sucres difficilement digestibles seraient plutôt à l’origine des troubles gastro-intestinaux lors de la consommation du blé, et non le gluten en soi. De manière analogue bien des maux de ventre lors de la consommation de lait sont plutôt à lier à l’intolérance au lactose plutôt qu’à la digestion de la caséine. Ce sont tous des sucres difficilement digestibles, qui peuvent alimenter une dysbiose…suivant les individus, cela nous mène à la partie suivante.
- Le régime des glucides spécifiques ou GAPS (se ressemblent comme deux gouttes d’eau), et l’hypothèse bactérienne centrale
J’ai abordé, à l’époque ma naïve sympathie pour le régime GAPS propulsé par le docteur Natasha Campbell-McBride (elle compte pour une professionnelle de santé ?). Il s’avère que c’est une variation du régime des glucides spécifiques du docteur Haas (il compte aussi ?) qui officia à l’époque des films en noir et blanc, et popularisé plus près de nous par Elaine Gottschall (elle aussi ?).

Très schématiquement, le Docteur Haas soignait les tripards avec sa méthode qui consistait surtout à éviter la prolifération bactérienne, que l’on peut nommer dysbiose, dans les intestins en les privant de leur nourriture favorite : les glucides complexes, l’amidon, et même les glucides presque simples comme les disaccharides (le saccharose, notre sucre !), en privilégiant les sucres simples comme celui du miel ou les sucres des fruits, mais en quantité raisonnée pour se tourner vers les légumes et la viande. Sur ce principe on affame les bactéries, elles meurent, et on peut les remplacer par des bonnes d’origine alimentaire…et notamment des aliments fermentés ! Cela sera par exemple du kéfir, ou de la choucroute crue. Un soin particulier est donné au bouillon d’os, riche en gélatine, graisses et minéraux : cette mixture sans amidon, ni mêmes fibres aurait des vertus réparatrices sur les intestins. Selon les cas on peut être amené à une transplantation fécale – qui semble fonctionner ! – ou de probiotiques pour repeupler une flore bactérienne amoindrie par des années d’antibiotiques par exemple. On pense surtout aux modèles à large spectre qui ont tendance à perquisitionner tout le monde y compris les maraichers bio tuer tout le monde sans pitié.
Maintenant, l’ennui, c’est que je ne peux pas écrire cette partie en accordant une confiance sur la sympathie que m’inspire ce régime. Ce serait abusé.
Allons donc à la pêche au papier scientifique. Le plus technique qui soit…Digestion et transport détériorés, dysbiose mucosale dans les intestins d’enfants avec autisme et troubles gastro-intestinaux. Lecture difficile hein ? On se limitera au résumé et aux résultats. Ou pour plus d’éclaircissements, un article de Paul Whiteley, ainsi que sa suite logique.
Difficile d’en extraire la substantifique moelle, vraiment.
Notons pour commencer l’aspect génétique des individus autistes avec problèmes gastro-intestinaux : leurs gènes de digestion sont différents, et de nature à favoriser la dysbiose par non-digestion des glucides. Sacrés feignasses ces enzymes pancréatiques. Elles ne sont même pas sur la liste d’appel.

L’autisme, étant défini par la faible communication verbale et non-verbale, le manque d’interactions sociales, et des comportements stéréotypés et répétitifs, affecte approximativement 1% de la population. Beaucoup d’enfants autistes ont des problèmes gastro-intestinaux qui peuvent compliquer la prise en charge clinique et contribuer aux troubles comportementaux. Chez quelques enfants, les régimes spéciaux, et les antibiotiques ont été associés à des améliorations au niveau social, cognitif et des fonctions gastro-intestinales[…]
« Ces recherches sont cohérentes avec d’autres recherches suggérant que l’autisme soit un trouble systémique, et induisent l’idée selon laquelle des changements dans l’alimentation, ou l’usage d’antibiotiques puissent aider à atténuer les symptômes chez quelques-uns de ces enfants », ajoute Mady Hornig, MD, Directrice du Translational Research at the Center for Infection and Immunity
Évidemment, ce serait trop beau, on ne peut pas aller aussi vite en besogne, d’une part parce que le directeur de l’étude en question se défend des conclusions aussi rapides, mais aussi parce que l’échantillon des enfants autistes avec problèmes gastro-intestinaux est trop faible. Dont acte. Mais l’étude en soi est prometteuse et semble rejoindre le point de vue de Elaine Hsiao.
Je quitte le domaine des glucides spécifiques pour rejoindre l’axe intestin-cerveau : en ce qui concerne l’usage des probiotiques, des études ont prouvé que leur usage fonctionnait sur des animaux pour améliorer leur comportement, et bien que les auteurs s’interrogent sur les conclusions sur l’homme, ils ne se limitent pas au simple comportement et suggèrent que des études devraient être menées pour améliorer les pathologies mentales, dont l’autisme, bien évidemment. De même, on peut retrouver ce champs d’investigation chez des chercheurs chinois.

Je n’ai pas accès aux publications…il faut payer, on se contentera du résumé, le fameux « abstract », comme bien souvent, vous m’en voyez navré.
Et si on testait un peu notre hypothèse ? Dommage, pas d’études testant un protocole alimentaire, mais seulement une étude suggérant la possibilité de prévenir la survenir de l’autisme…je ne remercierai jamais assez Emily Deans de nous faire parvenir un excellent article paru sur Psychology Today sur le lien entre autisme, troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité et les intestins. Des chercheurs se sont rendus compte du lien entre microbiote à la naissance, et sans doute avant, et apparition de symptômes de type autistique ou du troubles de l’attention.
Des chercheurs en Finlande ont fait une admirable expérience sur le long terme, pour essayer de mettre en lumière le spectre autistique, les troubles du déficit de l’attention et le microbiote. Ils ont traité 77 bébés entre 0 et 6 mois avec un probiotique (Lactobacillus rhamnosus) ou un placebo, et ont suivi les enfants pendant 13 ans. De plus, ils ont pris des mesures du microbiote des enfants. Ces enfants ont été sélectionnés de manière aléatoire, donc 80% d’entre eux environ sont nés par voie vaginale.
Vers la fin de l’étude, 0% du groupe ayant eu les probiotiques ont eu un diagnostic de trouble de l’attention ou de troubles autistiques, tandis que 17 % des enfants du groupe placebo ont eu un tel diagnostic. Malgré la petite taille de l’étude, les chiffres sont statistiquement significatifs. Ils ont trouvé que les enfants avec le diagnostic du spectre autistique ou du trouble du déficit de l’attention avaient de plus faibles niveaux de certaines espèces de bifidobactéries quand ils étaient bébés plutôt qu’enfants, sans diagnostics. (Mes excuses aux experts en microbiotes pour cette grossière généralisation ici, mais les Lactobacilles et les Bifidobactéries semblent travailler de concert, donc se supplémenter avec certaines sortes d’espèces de lactobacilles semble augmenter les populations de bifidobactéries chez les gens)
Encourageant n’est-il pas ? Nous ne sommes pas au stade de l’étude présentant une solution alimentaire qui guérit l’autisme une fois déclaré, mais la perspective d’une alimentation riche en certains types de bactéries (ou via des probiotiques externes) pouvant guérir l’autisme gagne du terrain. Cela n’est pas une stupidité. Le régime des glucides spécifiques offre une solution, une approche thérapeutique qui a du sens. J’espère que d’ici les années à venir, nous aurons des études testant ce type de régime sur des enfants déjà diagnostiqués autistes. Je ne connais pas les résultats dans la clinique du docteur Campbell-McBride, il semblerait, pour avoir navigué à droite et à gauche que le régime fonctionne sur les gamins bien suivis, et d’autres semblent ne pas adhérer au régime, un signe que cette alimentation est peut-être trop grossière et nécessiterait des ajustements personnalisés en plus d’un suivi régulier par un médecin nutritionniste.
-> Résumé : la piste bactérienne semble solide, et si la preuve que l’alimentation (de type glucides spécifiques ou autres) guérit ou améliore l’autisme n’est pas encore découverte, le sujet est suffisamment pris au sérieux par la communauté scientifique. Il faut voir un microbiote sain, comme un microbiote que l’on peut réguler via des probiotiques, prébiotiques (fibres ou amidon résistant par exemple), que l’on peut trouver dans l’alimentation ou non. Il est utile, au stade de la conclusion de la partie, que des bactéries produisent des neurotransmetteurs, et quand on connait l’impact de ceux-ci sur le comportement, la faim, etc. on se dit que ça devient intéressant cette affaire.
- Le vilain petit canard cétogène, la voie mTOR et les synapses
Le régime cétogène, c’est la chasse aux glucides. On lui reconnait, au moins sur le long terme, des vertus thérapeutiques contre l’épilepsie. Paul Whiteley reconnait d’ailleurs un lien entre épilepsie et autisme.
En fait il y a déjà une étude qui met en évidence un possible rôle thérapeutique de la diète cétogène contre l’autisme, et l’étude est disponible. L’article se concentre sur ce qui fait la spécificité du régime (un régime en glucides spécifiques avec très peu de glucides spécifiques justement…finit par ressembler à une variation cétogène), en n’abordant pas la question intestinale. Ce qui intéresse les chercheurs, ce sont les changements métaboliques, et il y en a quelques-uns quand on se passe de glucides.
L’article tombe assez vite dans la technique (on notera que le régime semble prometteur pour Alzheimer et Parkinson, tiens, tiens), je retiens un truc très intéressant : l’inhibition de la voie mTOR. Je ne suis pas très familier, mais il faut y aller.
mTOR c’est tout simplement mammalian Target Of Rapamycine
La rapamycine est juste le nom d’un médicament (un immuno-suppresseur) qui semblait allonger la longévité des souris (avec des effets secondaires lourds, malheureusement, ce n’est pas si simple). La rapamycine inhiberait un certain circuit métabolique, qui fait que bah, c’est bien (voyez ce n’est pas mon domaine, j’en suis réduit à être très imprécis). Il a été démontré que sans prendre de la Rapamycine, le régime cétogène inhiberait aussi cette voie métabolique, ce qui en fait un des arguments les plus puissants pour défendre ce régime.
Et donc…ce qui est intéressant et qui n’est pas relevé dans l’article (et pour cause, au niveau des dates…) c’est que l’an dernier, on s’est rendus compte, du jour au lendemain, que l’autisme avait peut-être pour origine un excès de synapses, comme le relève Sciences Avenir. Et c’est réversible. Ces chercheurs ne pensent qu’à la solution médicamenteuse (mauvais tic) sans penser au régime cétogène.
La rapamycine, le médicament administré aux souris dans l’étude, agirait en inhibant l’activité de mTOR, ce qui permettrait ainsi de revenir à un élagage normal des liaisons synaptiques.
Pas besoin de rapamycine donc, je trouve ce mensonge par omission un peu « abusé » mais c’est ainsi :). Des jeûnes suffisamment prolongés pourraient offrir les mêmes effets bonus, mais sur des enfants, c’est pas terrible, ils sont dans une période où ils ont besoin de s’alimenter, pas de se détoxifier pratiquer l’ascèse.
En tirant un peu sur la corde, le régime des glucides spécifiques pourrait aussi bénéficier de cet effet bonus, cette feature si vous aimez les anglicismes.
-> résumé : le régime cétogène bénéficie comme le régime des glucides spécifiques d’un très faible apport en glucides (complexes ou non), ce qui permet de limiter la prolifération bactérienne. Le régime cétogène apporte en outre des changements bénéfiques au niveau du métabolisme comme l’inhibition de la voie mTOR : il faut juste retenir que cela évite de nourrir l’excès de synapses, et le processus semble réversible.
- Le lait de chamelle,
cet aliment qui tue toutes les cellules cancéreuses en 10 secondes top chrono, fait revenir l’être décédé
Parce que c’est plus fort que tout.
Et si ça ne suffisait pas, une rasade supplémentaire..on ne sait jamais.
Pour creuser, il n’y a plus qu’à demander à Paul, comme d’habitude. Et même un second article paru récemment.

Je suis tombé dessus pendant mes recherches, maintenant, je vais prendre le temps de lire tout ça, c’est assez inattendu, et exotique. Encore que je me suis souvenu d’une étude d’y a quelques années, le lait de chamelle a également des propriétés anti-cancer, et c’était Denise Minger qui l’avait tweeté (d’ailleurs une bonne source d’inspiration pour écrire un très long article).
-> résumé : bah non, c’était court.
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Conclusion : Le pharmachien manque de crédibilité sur le coup. Enfin je ne sais pas, il est souvent très bon sur les sujets qu’il maitrise, mais en l’occurrence, sur les intestins, je l’ai trouvé faible et sans doute peu curieux (ou suffisant, ce qui serait dommage – édit du lendemain : je ne dis pas qu’il est suffisant hein, au contraire, malgré le ton sans compromis il a l’air sympathique). Ce n’est pas grave en soi. Mais il est bon de mettre les points sur les i, quand c’est nécessaire. Et là pour le coup, on a quand même une recherche scientifique active, avec des chercheurs qui s’émulent entre eux et dont la recherche semble pointer vers la même direction…même en se « télescopant » à l’instar de l’étude sur les synapses par exemple, alors que la même année sortait la publication sur le régime cétogène et l’inhibition de la voie mTOR. En tricotant un peu on finit par trouver un petit lien commun entre tout ça.
Et pour court-circuiter un éventuel épouvantail : je ne dis pas que ces régimes, ces solutions sont parfaites, alléluia, le monde est sauvé, y a plus qu’à appliquer. Juste que l’on dispose de pistes sérieuses, et loin de se jeter là-dedans, il faut laisser la science s’exprimer, et ne pas de suite, nier ce qui se fait. A terme, il faudra dégrossir ces approches, et bien évidemment les personnaliser, c’est l’individu qui prime. Sans compter que tous les autismes n’ont pas nécessairement une origine « ventrale ».
Édit du lendemain : après commentaires et e-mails, pour ceux qui n’auraient pas compris, j’ai peut-être surréagi, mais sa formulation de base étant ambiguë je ne pouvais pas laisser passer ça – et que le sujet soit assimilé aux pinces à linge – Après si je me suis sorti les doigts pour écrire un article un peu plus construit c’est plutôt constructif, non ?
Édit ultérieur : A noter le très bon article de Sciences et Avenir paru plus tard en 2016 – par rapport à l’article initial-
La zonuline et l’étanchéité intestinale jouerait le rôle de chainon manquant ? (de quoi relancer la piste du gluten, sans qu’elle ne soit centrale)
A noter que l’approche opposée à l’alimentation, la transplantation fécale semble fonctionner.
Un article sur le microbiote tout en dessin
Salut,
Si tu veux l’étude chinoise complète le PDF est ici > http://goo.gl/HfMkhc
Il existe un truc pour contourner certains paywall, si ça t’intéresse email moi ;).
Ah très bien, je ne sais pas comment tu as su ça, mais je t’en remercie !
Sauf erreur, il manque le glutamate (dans la liste ci-dessus des suspects, voire coupables)
cf. Unblind My Mind: What are we eating?: Dr. Katherine Reid at TEDxYouth@GrassValley
Bref, un autre coupable (ou suspect, pour d’autres personnes) tjrs lié à l’alimentation
Normal : je n’avais pas la prétention d’être exhaustif ! Je regarderais la vidéo quand j’aurais un peu de temps (pas de suite…)
Sinon, je viens de tester, Paulo en parle : http://questioning-answers.blogspot.fr/2012/02/glutamateglutamine-ratio-and-autism.html
Je suis tombé sur « Autism and Glutamate Dysfunction – Avoid The Cause – Race To The Cure » http://www.ageofautism.com/2011/03/autism-and-glutamate-dysfunction-avoid-the-cause-race-to-the-cure.html (qui date de 2011).
Les causes évoqués de l’autisme semblent multiples.
« glutamate receptors are implicated in the pathologies of a number of neurodegenerative diseases due to their central role in excitotoxicity and their prevalence throughout the central nervous system. »
« One of the first studies, (HERE) « Postmortem brain abnormalities of the glutamate neurotransmitter system in autism’. went back to 2001. Here was the conclusion: « Subjects with autism may have specific abnormalities in the AMPA-type glutamate receptors and glutamate transporters in the cerebellum. »
« In 2004, Hornig et al published « Neurotoxic effects of postnatal thimerosal are mouse strain dependent », (HERE) meaning that some mice who were treated with thimerosal, the vaccine mercury, after birth then showed glutamate receptor dysfunction »
« Methylmercury increases glutamate extracellular levels in frontal cortex of awake rats » « A current hypothesis about methylmercury (MeHg) neurotoxicity proposes that neuronal damage is due to excitotoxicity following glutamate uptake alterations in the astrocyte. »
« Is mercury the only cause of glutamate receptor and transporte¬r immunoreac-tivity? It’s hard to say as NIH and CDC don’t seem to fund those types of studies but here is one from Japan that would make one wonder about MMR [a priori: Measles, Mumps, and Rubella (MMR) Vaccine] »
« That sure looks like MMR could also be involved in glutamate issues and then damage to the brain. »
Bref, de ma lecture rapide, il ressort qu’une piste réside dans l’altération des récepteurs du glutamate qui rendraient ensuite les individus particulièrement sensibles au glutamate libre particulièrement présent dans les aliments transformés.
Des livres sont mentionnés dans la communauté MSG (ou glutamate), comme :
« Excitotoxins: The Taste That Kills »
Le connais-tu ?
Le glutamate (raffiné !) n’a pas bonne presse, c’est vrai et non je ne l’ai pas lu ce bouquin, merci pour la référence. Je vais reprendre avec attention tous ces petits liens quand j’aurais un peu de temps.
(j’ai pas accepté ton second message qui n’était qu’un copier/coller du premier, le premier est passé t’inquiète, je dois juste modérer)
https://youtu.be/LhC0ZAXBkZI merci pour ce super article avec des études que je n’avais pas.je suis moi même maman d’une fille de 8 ans autiste et je peux vous affirmer que chez nous transformation sur pleins de choses en positif quand le microbiote va mieux